Au hasard d'un quai de gare, on m'a demandé si j'avais une passion.
J'ai répondu non.
Une passion c'est quoi, un sport qu'on pratique, un instrument de musique, quelque chose où l'on est actif, dans tous les cas.
Et puis en fait non. C'est pas qu'j'ai pas de passion. C'est juste que je suis une passionnée passive.
Ma passion, la mienne, rien qu'à moi, ce sont les belles choses.
Et ce qui est fou, c'est que toutes les choses sont belles ; à leur manières.
J'aime observer, j'aime regarder.
Les belles images, les belles phrases.
J'aime ce qui se passe dans ma tête à ce moment-là.
Ouvrir grand les yeux et voir, juste
voir, bordel ça me passionne.
Je peux y passer des heures sans jamais me lasser, sans jamais m'ennuyer,
et sans jamais dire un mot.
Et je me dis que c'est pas plus mal, tant que j'aime ouvrir les yeux et m'en contenter, c'est que j'aime bien la vie, finalement.
Et puis ce qu'il y a de génial, avec les belles choses, c'est qu'on en est jamais à court.
Il suffit de sortir dans la rue et d'écarquiller grand les paupières.
J'ai trouvé la meilleure drogue du monde, celle qui ne s'épuisera qu'avec lui.
Passivement, lascivement, tout doucement et en secret,
j'emmagasine la beauté du monde et des gens.
La voilà, ma
passion.
Je suis la fille qui regarde.
